Heurs et
malheurs du CLAP et des rassemblements nationaux
de 1962 à 1988,
par Jean RAINAUD
Avec, présentés écrits en vert, quelques commentaires d'Alain GLESS (A.G.), dactylo de ce document et également membre de l'équipe nationale depuis 1979.
De 1962 à 1988 ou d’Evreux au Havre, en passant par la Lorraine
et bien d’autres de nos belles provinces.
Il existe encore - et il faut s’en
réjouir - de nombreux modélistes ayant été les témoins
oculaires de manifestations nationales de cette deuxième époque
du CLAP et possédant eux aussi des souvenirs précis des événements.
J’espère que la lecture des lignes qui vont suivre les incitera
à participer à la “mémoire collective” de l’histoire
du CLAP.
Au CLAP depuis 1952, d’abord responsable de groupe, puis responsable départemental,
régional, interrégional, puis membre de l’équipe nationale
depuis 1968, je vais m’efforcer de donner aux souvenirs qui vont suivre,
la plus grande objectivité. Puissé-je y réussir convenablement.
On n’a pas d’échos concernant les réflexions
des lecteurs des premiers bulletins de liaison à
l’époque de leur parution, mais je suppose que si le
rédacteur en chef de ‘Usep-Ufolep Informations”
proposait actuellement à ses abonnés et lecteurs le texte
ci-dessous, il provoquerait des réactions pour le moins
vigoureuses et passionnées.
Jugeons-en sur pièces :
“Bulletin de liaison N° 2
(renuméroté 4) février 1949, page 1, en guise
d’éditorial, non signé !
I. Répétons aux jeunes :
- que l’aviation existe, grâce à la France,
grâce à l’intelligence, à l’audace,
à la ténacité de ses pionniers.
- qu’aujourd’hui encore, l’esprit français
arrive à résoudre scientifiquement des problèmes
pour la solution desquels l’étranger tâtonne
longuement, avec des méthodes empiriques. Chez eux, des
techniciens besognent sur une question, là où nous en
trouvons un seul en France, avec des résultats
équivalents.
- que la France est une puissance aéronautique, parce qu’elle
a une position géographique qui en fait une des plaques tournantes
de l’Univers.
- que notre Union Française jalonne les routes commerciales mondiales
: Paris, Alger, Dakar, Hanoi sont les points cruciaux du réseau aéronautique
mondial.
- que la France est une puissance aéronautique, parce que ses
richesses naturelles favorisent son industrie : nous avons le fer, la bauxite,
le magnésium, les bois indigènes, les bois coloniaux et l’hydrogénation
de nos bassins de lignite pour nous fournir des hydrocarbures.
EVREUX (Eure) - 1962
192 classés, issus de 25 départements ; sélection opérée
à l’issue de six concours régionaux, le nombre de participants
de chaque région étant déterminé au prorata des
activités des départements. Les modélistes de moins de
14 ans devant représenter au moins la moitié de l’effectif
total.
Pour la petite histoire, signalons que le mauvais temps -
déjà - a sérieusement perturbé le bon
déroulement des épreuves, neutralisées le matin.
Soleil et averses tout au long de la journée.
La proximité d’une importante base de l’OTAN, très sévèrement
gardée, a posé des problèmes de récupération
de planeurs “égarés” par delà les hautes grilles
de l’aérodrome militaire.
Les prix : Un voyage sur une ligne intérieure d’Air France par le
CLAP
Deux voyages Paris-Ajaccio par Air France
Deux heures de vol à voile par le SFATAT
Parmi les personnalités présentes, le Commandant Jean Dabry, compagnon
de Mermoz, dont la simplicité n’a d’égale que la grande
sympathie qu’il inspire.
MONTPELLIER (Hérault) - 1963
105 classés, issus de 35 départements, après une sélection
départementale et non plus régionale, basée sur une représentation
proportionnelle - déjà - au nombre de licences délivrées
en 1962.
Le nombre total de participants est ramené de 200 à 131 (question
finances). Les moins de 14 ans représentent la moitié de l’effectif
total.
Quatre circuits de “ramassage” (j’ai horreur de ce terme) en
cars au départ de Lyon, Troyes, Paris et Niort convergent vers l’Hérault
après un long et épuisant périple.
Les modélistes et accompagnateurs, accablés par la chaleur, sont
accueillis pour dîner dans un immense réfectoire avec un menu “de
cantine”, alors qu’à l’autre extrémité de
la salle, les animateurs participent à un succulent repas gastronomique
... d’où quelques grincements de dents qui seront oubliés
le lendemain.
Le temps : à Montpellier - Fréjorgues, beau fixe, vent nul, chaleur
accablante. Pierre Corbières est rayonnant : il règne sur une
“tempête de ciel bleu”.
Les planeurs déthermalisent à la verticale d’où ils
sont lâchés. Malgré les conseils judicieux de P. Corbières,
les coups de soleil seront nombreux. Les gars du Nord en ont gardé de
cuisants souvenirs.
Marc Grandjean, Délégué National depuis plus de 15 ans,
part en retraite avec la satisfaction du très bon travail accompli, dans
des conditions souvent déplorables, et avec l’amitié de tous
ceux qui le connaissent bien et ont eu le loisir d’apprécier comme
il se doit son importante compétence technique.
Jacques Racault, délégué CLAP et secrétaire général
de la FOL de la Vienne le remplace rue Récamier.
C’est la dernière fois que le rassemblement est jumelé avec
le congrès de la Ligue.
Récompenses : Deux vols Paris-Lyon-Marseille sur Air France
Une bourse vol à voile
Des moteurs à foison, des bons d’achat et d’autres prix pour
tous les participants, offerts par le CLAP et le SFACT.
BOURGES (Cher) - 1964
87 classés, venant de 31 départements, sélection
à partir des résultats obtenus aux 7 concours
régionaux imposés aux départements.
Pierre Freslon est le maître d’œuvre d’un rassemblement
“vérité”.
Anecdote : une aile seule (non surveillée) effectue un maxi en décollant
elle-même du sol, dans le dos de son propriétaire surpris ... et
se fracasse à l’atterrissage contre le pylône supportant la
manche à air.
Qui ne se souvient encore du repas, dans une salle ayant appartenu
jadis à une congrégation religieuse et dont la chaire,
conservée, servit de tribune à Freslon pour donner les
dernières informations indispensables aux participants sur le
déroulement de la manifestation.
Autre histoire, pas triste non plus, dont le récit nous fut fait
“avé l’accent” par les protagonistes
eux-mêmes, Pierre Corbières (le père) et Robert
Corbières (le fils) : Atterrissage pour demander le chemin de
Bourges, sur la base militaire américaine de Châteauroux.
Ils étaient un peu perdus dans la nature, n’ayant pour
seuls documents de navigation que les cartes routières Michelin
au 1/200.000. Il paraît que ce fut épique, police,
pompiers, ... interrogatoire ... difficile, l’anglais avec
l’accent du Midi de P. Corbières étant mal compris
des cow-boys américains. Tout finit bien cependant et leur avion
fut escorté sur la piste d’envol par deux chasseurs...
Un enfant de Port-la-Nouvelle eut, lui, des ennuis avec un paysan berrichon.
Son planeur avait atterri à la lisière du champ dudit paysan qui
ne voulait pas le rendre. Il fallut l’intervention d’un commissaire
de police, présent sur le terrain, pour régler l’affaire.
Il fut remercié comme il le devait. NB : le paysan était membre
de l’aéro-club de Bourges (un comble !).
Les prix : Pour les 20 premiers jeunes lauréats, superbe récompense
: un voyage aérien Paris-Londres, week-end dans la capitale anglaise,
déjeuner aux Champs-Elysées, visite d’Orly et de Paris. Tous
les jeunes et leurs accompagnateurs privilégiés, anglicistes d’occasion,
ont gardé un impérissable souvenir de leurs tribulations outre-Manche.
Mauvaise note : à l’Ecole Normale, où sont hébergés
les groupes, quelques animateurs, dans la joie des retrouvailles, oublient un
peu qu’ils sont adultes et bousculent un peu le matériel.
TROYES (Aube) - 1965
9 régions de concours sélectifs, basés sur un regroupement
d’académies voisines.
On applique le règlement fédéral “assoupli” pour
célébrer la remise en application des accords CLAP-SFA-FNA.
84 modélistes classés de 37 départements.
Démonstrations de VCC par Couprie et de RC par P. Marrot et J. Monneau.
Sous l’autorité de Jacques Lock et de l’équipe locale,
le CLAP vit à l’ère du bonnet de coton. C’est assez
folklorique !
Prix : 20 lauréats déjeuneront dans un hôtel de luxe des
Champs-Elysées, visiteront Orly, puis s’envoleront pour Anvers,
Gand, Bruxelles, Bruges et retour.
SAINT-YAN (Saône-et-Loire) - 1966
La régionalisation avant l’heure s’ébauche au CLAP :
11 régions de concours, 146 classés de 43 départements.
La chaleur est de nouveau au rendez-vous sur les immenses pistes d’entraînement
des pilotes d’Air France.
Pilosu, délégué départemental de
Saône-et-Loire, surmonte de nombreuses difficultés de tous
ordres pour mener à terme le bon déroulement du
rassemblement.
Les buttes de terre, hautes de un mètre, qui séparent les pistes
en dur gênent sérieusement les enfants pour treuiller leurs appareils,
le vent n’étant pas forcément parallèle aux pistes.
Mais ça pompe ! ...
A l’accueil à Paray-le-Monial, incident au premier repas, il n’est
prévu que de l’eau, même pour les animateurs adultes. Quel
affront ! ... les plus excités iront en ville acheter quelques bouteilles
de “picrate”.
Le lendemain soir, nouvel incident, celui-là laissera des traces longues
à effacer chez les “laissée de côté”.
A l’initiative “non innocente” de quelques-uns, un
repas amical des animateurs est organisé dans un petit
restaurant. Au début du repas, étonnement et surprise
chez la majorité des participants qui se sont inscrits sans
poser de questions, les “organisateurs” étant des
gens connus parmi les animateurs : il manque des camarades.
Révélation des “organisateurs” : c’est
volontairement que les responsables nationaux Racault, Godard, Salomon,
n‘ont pas été invités. Gène de la
plupart d’entre nous. Le repas commence, on croyait simplement
à un retard de nos camarades, il se terminera assez rapidement,
non sans avoir vu notre camarade Ricou-Leclerc,
délégué des Bouches-du-Rhône,
découvrir ce qu’était une écrevisse et
comment ça se mangeait.
Il mourra quelques semaines plus tard, à l’issue d’un stupide
accident d’avion à Pontarlier.
Quand je suis rentré à mon hôtel à
Paray-le-Monial, j’ai trouvé nos amis Racault et consorts
à table, se demandant pourquoi je rentrais si tard pour
dîner. J’ai dû expliquer par le détail les
événements auxquels j’ai été
mêlé bien malgré moi ...
40 modélistes et accompagnateurs se retrouveront pendant les vacances
d’été à Paris. Traditionnel repas aux Champs-Elysées,
visite d’Orly, puis 40 minutes au-dessus de la capitale et départ
en train pour Kehl et Wiesbaden. Descente du Rhin en bateau vers Frankfort-sur-le-Main,
visite d’un centre de vol à voile et retour à Paris.
BELFORT (Territoire de Belfort) - 1967
Le mode de sélection à partir des concours régionaux est
maintenu : 97 classés, toujours en vol libre planeurs, plus 42 du groupe
“vieilles nervures” (non vermoulues, c’est-à-dire les
responsables non sélectionnés des groupes départementaux),
qui prennent leur confrontation très au sérieux.
Très bonne organisation matérielle par la FOL locale. La
responsabilité technique est confiée à Lucien
Beyer, délégué régional de Lorraine-Alsace,
et ça marche parfaitement. Personne n’espérait en
douter.
Des esprits “très critiques” diront bien que si les
pompes furent aussi nombreuses, c’est qu’elles
étaient dues à la proximité d’un
cimetière en bordure de terrain ! Quel esprit ! ...
Cohabitation très convenable au lieu d’hébergement avec l’équipe
acrobatique motocycliste de la police, qui suit le Tour de France que personne
n’aura le temps d’apercevoir.
20 lauréats se voient offrir un voyage aller-retour Paris-Genève-Lausanne
en avion.
La mesquinerie existe, hélas, même au CLAP, et des dirigeants ergotent
sur l’attribution des prix sur l’aérodrome civil de Belfort-Chaux.
Quelle époque ! ...
SAINTES (Charente-Maritime) - 1968
Les événements de printemps ayant empêché le déroulement
des 12 rassemblements régionaux prévus, le national, prêt
sur le papier, est reporté à l’année suivante.
SAINTES (Charente-Maritime) - 1969
49 départements (plus de la moitié de la France), 123 participants
classés.
Responsable inter-régional, j’assure avec une équipe charentaise
dynamique, l’organisation matérielle au mieux des possibilités.
Pour la première fois, confrontation en vol circulaire (vols de groupe)
3 équipes, et en RC 6 participants en formule Rallye.
Quelques problèmes de repas sur le terrain, malgré les efforts
du gestionnaire des cantines scolaires, notre ami Paumé (il faut le faire).
Pour tous les participants sélectionnés, vols de découverte
au départ de Cognac, au-dessus de l’estuaire de la Gironde et de
la côte charentaise, de Royan à la baie de l’Aiguille et retour.
Le repas gastronomique des animateurs à Chaniers-sur-Charente “tout
aux fruits de mer” avec boissons régionales, pineau et cognac (pour
les adultes, bien sûr) a laissé un souvenir inoubliable aux participants.
Quelques nostalgiques l’évoquent encore aujourd’hui.
NEVERS (Nièvre) - 1970
Toujours le même mode de sélection, grâce aux concours régionaux.
123 participants de 50 départements.
Pas de local, ni de véhicule pour le secrétariat sur le
terrain. On utilise la caravane pliante de Gérard Maillard, des
Ardennes. 8 à 9 personnes en permanence à
l’intérieur.
La FOL n’a pas de crédits pour avancer le papier nécessaire
au tirage des résultats. Je dois l’acheter dans une librairie, en
ville ...
Pluie fine et persistante, permettant à peine de distinguer les planeurs
au bout du fil, réduit à 30 mètres.
Un modéliste méridional réussit même
“l’exploit” de totaliser 4 points en 3 vols (sans vol
nul). Il faut le faire !
Le même modéliste, avec le même appareil, réalise,
le lendemain, hors compétition, une série de maxis. C’est
décourageant.
En VCC, une équipe. En RC, 4 participants.
Deux “scandales” marqueront ce national.
1- Repas des animateurs, dans un hôtel-restaurant
“bien”. La propreté de la vaisselle utilisée
,la “qualité” des mets servis, fait que la fin du
repas est houleuse, en raison du rapport prix-qualité (ce
dernier mot est un euphémisme) à tel point que le
traiteur, à la conscience professionnelle élastique,
consent une réduction importante par rapport au prix initial
demandé.
2- Des animateurs inconscients de la région du Midi ont reconduit chez
eux les lauréats du voyage en avion, parce qu’ils devaient partir
en colonie de vacances, et les ont remplacés par des doublures, amenées
à cet effet et répondant à l’appel des titulaires
pour participer au vol de découverte aérienne en Nord 262 au départ
de Bourges. Survol du Nivernais, de la Sologne et de la Champagne berrichonne.
S’il y avait eu un accident ? Quels problèmes ! Quelle inconscience
des responsables !
Fureur légitime, à posteriori, du délégué national.
CHAMBERY - CHALLES-LES-EAUX (Savoie) - 1971
57 départements, dont 54 en vol libre planeurs.
15 équipes en VCC.
20 modélistes en RC.
Cette année, introduction des cartes de participants numérotées
et personnalisées par les délégués régionaux,
délivrées par le service national pour permettre un meilleur contrôle
des sélectionnés.
Chacun “admire” l’œuvre d’art du lycée technique.
Mauvaise initiative des responsables qui, voulant imiter la FFAM,
remplacent les postes fixes de chronométrage par un poste unique
central où tous les concurrents viennent demander la sortie de
leur fiche de vol pour partir avec un chronométreur vers le lieu
de leur choix.
Pas habitués à cette formule, et beaucoup plus nombreux qu’aux
championnats de la FFAM, ça provoque une grosse pagaille.
Signalons qu’à cette époque, la FFAM a abandonné sa
formule pour adopter la formule CLAP des postes fixes.
Splendide démonstration en RC avions multi par une patrouille de trois,
s’achevant hélas par une collision entre deux avions, suivie d’un
écrasement spectaculaire de l’un d’eux ... et colère
terrible du pilote.
Vols de découverte au-dessus de la Haute-Maurienne et de la Savoie, passage
à la perpendiculaire du Mont-Blanc en avion de tourisme, ou autour du
lac du Bourget en hélicoptère de l’armée, ces derniers
faisant assister, avant le vol de découverte, à un merveilleux
ballet aérien.
Repas dans un hôtel-château d’excellente qualité.
Paul Bataillou, délégué départemental et régional,
pilote amateur émérite, chef d’orchestre omniprésent,
mérite bien les compliments de tous.
ANGERS (Maine-et-Loire) - 1972
57 départements
160 modélistes VL
17 équipes VCC
17 modélistes RC
Tout devait “baigner dans l’huile”, et ça a
baigné dans l’eau ... André Cordier,
délégué départemental, a remué des
montagnes et touché beaucoup de personnalités pour que ce
national soit exceptionnel et spectaculaire à souhait.
Hélas, un orage d’une rare violence dans la nuit précédant
la manifestation, a tout saboté.
Il avait été prévu le nivellement au cylindre vibreur d’un
hectare de terrain pour le VCC. Pour rendre l’emplacement utilisable, L.
Beyer et S. Maillard ont transporté à la brouette des mètres
cubes de terre pour ériger un tertre d’où les pilotes ont
pu évoluer (dans la boue).
La sonorisation installée le veille était inutilisable, parce
que mal placée.
Il manquait 50 repas (l’équipe locale d’organisation avait
été oubliée, très involontairement bien sûr)
dans le décompte des repas, mais pas dans la distribution des tickets.
Cela prouve, avec beaucoup d’autres incidents, qu’on ne peut seul organiser un national.
Tout ne fut pas négatif, bien au contraire.
A retenir la présentation d’un Bréguet 941 venu spécialement
de Reims, qui a fait sur la piste un spectaculaire et impressionnant atterrissage
extra-court. Quel avion remarquable !
Notons aussi le repas des animateurs, repas pantagruélique
arrosé de sept crus des vins d’Anjou les plus prestigieux,
repas au cours duquel les participants ont pu se revoir filmés
sur le terrain au cours des épreuves au caméscope, avec
projection sur grand écran grâce au
télémégascope.
Vols de découverte au-dessus de l’Anjou et de ses châteaux.
Etonnement pour certains de nous de côtoyer chaque jour au restaurant
universitaire, des séminaristes et autres “sœurs” en uniforme
ecclésiastique. Il est vrai qu’Angers possède une université catholique.
NIORT (Deux-Sèvres) - 1973
57 départements
146 participants en VL
17 groupes en VCC
29 participants en RC
L’ami Jean Birraleau - disparu depuis - à qui certains
trouvent une ressemblance avec l’illustre détective
Colombo, a, malgré des pépins nombreux, mené
à bien, avec l’équipe départementale, dont
le secrétaire général Marcel Barbaud, et certains
amis de la FFAM régionale, la lourde tâche qui
était la sienne. Ils ont tous bien mérité du CLAP.
Le meilleur souvenir, certainement, pour tous les participants, c’est,
bien sûr, l’exceptionnelle présentation sur CAP 20 par le
Lieutenant Romary, capitaine de l’équipe de France militaire de
voltige : science, maîtrise, art confirmé de ce pilote ne pouvaient
que susciter l’admiration du public et éclipser un peu la présentation
des parachutistes de Rochefort et le concert donné sur le terrain par
la Musique de l’Armée de l’Air de Bordeaux. On dirait maintenant
au grand dam de la bonne expression française, c’était “époustouflant” ! ...
Les Clapistes les plus avertis déclaraient hésiter à tenter
de semblables acrobaties avec leurs modèles réduits.
Vols de découverte au-dessus du Marais Poitevin, région curieuse
et attachante par excellence.
Note désagréable : le repas des animateurs, dans une salle trop
petite, un service débordé, le patron du restaurant n’honorant
pas ses promesses. Et pourtant, comme il était alléchant, ce menu
que j’ai conservé en souvenir, imprimé sur une peau de chamois,
une des industries réputées de Niort. Qu’on en juge :
Fruits de l’Océan
Anguilles des Conches
Gigot du Poitou
Mojettes du Marais
Salade de saison
Fromage de Pays
Tourteau Piéton
Macédoine de fruits rafraîchis maison
Café
Pichets de vin du pays - Blanc de blanc - Rouge du Haut-Poitou
Le menu du repas d’Angers, l’année précédente,
n’était pas mal non plus, imprimé, lui, sur un véritable
mouchoir rouge de Cholet :
Apéritif
Melon frappé au porto
Brioche saumuraise
Rillaux d’Anjou
Bar braisé au beurre blanc
Cochonnet rôti
Cœurs de laitue
Fromage
Belle angevine
Café - Cointreau - Vins de pays (sept crus)
Revenons aux choses sérieuses.
LESIGNAN-CORBIERES (Aude) - 1974
Avec hébergement à Carcassonne.
Renée Marty, déléguée départementale, a fait
de son mieux pour organiser ce rassemblement éclaté.
Epreuves à Lésignan. Vent violent, le Cers, et
dégâts importants aux appareils. Les RC reculent au vent,
tournent à 180° et s’en vont à plusieurs
kilomètres dans les vignes.
On dit parfois que "le mieux est l'ennemi du bien". en voici un exemple
:
Pour montrer leur plaisir d'accueillir le National CLAP, les autorités
aéronautiques locales, avec qui Jacques Racault et moi-même avions
pris contact depuis la fin de janvier, avaient décidé, entre autres,
l'installation de WC avec fosse septique à l'usage des Clapistes. Travaux
importants dans un sol rocheux. Hélas, les Clapistes étaient trop
nombreux, l'installation s'est engorgée et est devenue rapidement inutilisable.
Et les WC traditionnels n'étaient vraiment pas engageants !
Au passif du CLAP (peut-être), un avion réformé,
parqué tout au fond de l'aérodrome en exposition
permanente, a été "déshabillé" de ses
sièges et de certains appareils de bord. Il n'est pas imaginable
que des Clapistes aient pu commettre pareil forfait, et pourtant ...
Pour le plaisir, mentionnons l'accueil on ne peut plus favorable de Monsieur
le Maire de Lésignan, et la joie de fouler aux pieds, sur le terrain,
le thym qui embaumait, et l'accueil des cigales, parfois même un peu envahissantes.
Un repas d'animateurs correct, sous une tonnelle, mais tout le monde n'a pas
dû y perdre, car le même repas, avec les mêmes plat et les
mêmes boissons, pris le lendemain au même restaurant par plusieurs
Clapistes, a coûté un tiers en moins ...
On célébra comme il se doit le départ de Jacques Racault,
remplacé par Robert Marcellin.
PONT-SUR-YONNE, GISY-LES-NOBLES (Yonne) - 1975
Avec hébergement à Sens. Toujours l'irresponsabilité des
accompagnateurs adultes :
Exemples : un polochon atterrit sur le Censeur du lycée en
conversation avec le Directeur National, au pied d'un bâtiment.
Des "plaisantins" utilisent le téléphone des chambres de
surveillants pour appeler les pompiers. Heureusement que les lignes
passent par le standard de l'établissement.
A Gisy-les-Nobles, un fois encore la sono et le véhicule secrétariat
(car expo de l'Armée de l'air) sont inutilisables car mal placés.
On installe toujours tout à l'avance en comptant sur la direction du
vent qui, si 364 jours par an est dans le sens prévu, le 365ème
qui est le jour du Rassemblement, elle est de sens opposé. On utilisera
un "bigophone à piles".
Incident sérieux. Contrairement aux nombreux chefs pilotes des aérodromes
occupés par le CLAP les années précédentes, celui
de Gisy-les-Nobles n'a absolument pas d'atomes crochus avec les gens de la Ligue
de l'Enseignement. Il veut voler malgré le NOTAM officiel et vient en
roulant au milieu des modélistes, descend de son avion sans arrêter
le moteur, pour râler, mais comprend très vite, devant l'attitude
ferme des responsables du CLAP et la foule hostile des modélistes, qu'il
est préférable de ne pas insister, et il repart comme il était
venu ... et ne volera plus.
Un CAP 20 venu en démonstration, ayant des ennuis de freins ne décollera
pas. Quel dommage ! (souvenir de Niort).
Rendons hommage au Délégué CLAP, Chaton, qui s'est fort
bien tiré des difficultés imprévues rencontrées.
LURE (Haute-Saône) - 1976
Chaleur accablante, si importante que les trois responsables nationaux, Marc
Grandjean, Jacques Racault et Robert Marcellin, préférèrent
l'ombre du hangar au secrétariat du vol libre sur le terrain. On les
excuse.
Terrain militaire, tout en longueur ; piste en dur, abords couverts de broussailles
brûlées par un incendie. Clôtures de 4 mètres de haut,
infranchissables, ce qui ne facilite pas la récupération des planeurs
égarés.
Problèmes pour les organisateurs les jours précédant les
épreuves : sonner à l'entrée - attendre l'arrivée
du planton (500 m au moins) à pied ou en vélo - se faire connaître
- il ouvre la porte, la referme derrière les visiteurs ... ; pour repartir,
même scénario à l'envers.
Cinq hommes et un adjudant gardent les réserves de carburant.
Lucien Beyer veut utiliser la main courante pour fixer les filets de protection
: "Impossible, c'est un terrain de sport".
Il faudra la venue - en avion - de deux officiers de Nancy pour obtenir satisfaction,
sans aucune difficulté !...
Accueil au lycée dans des conditions matérielles difficiles (dues
à la direction de l'établissement). Hébergement d'une partie
des participants au LEP (excellent accueil de la direction).
L'équipe nationale est hébergée au Foyer des travailleurs
immigrés, asiatiques en particulier. Bonne ambiance conviviale, mais
locaux sales, toilettes, WC, et pas assez de chambres. Avec Jean Devavry, de
la Marne, nous partageons la literie : lui dort par terre sur le matelas, moi
sur le sommier et, "au bénéfice de l'âge", j'ai
droit au polochon. Lui utilisera sa valise, et il y a des moustiques ... c'est
fou !
A quelques kilomètres, sur des ballastières, se déroulera
le Rassemblement National bateaux.
MOULINS Averues (Allier) - 1977
Beau National organisé de main de maître par André Siramy.
A Aulnat, à la base militaire, un réunion préparatoire
réunit, au début du printemps, outre Robert Marcellin et moi-même,
sept colonels aviateurs très attachés à nous faire plaisir.
L'Armée de l'Air a prêté et installé tout un village
de tentes pour héberger l'ensemble des participants.
Terrain convenable, hormis un marécage au nord-ouest et l'attitude scandaleuse
... et dangereuse des pilotes du club para atterrissant et décollant
à contre-sens les uns des autres avant la fin des épreuves.
OYONNAX (Ain) - 1978
L'ami Buet s'est beaucoup dépensé pour permettre la réussite
du Rassemblement sur un terrain difficile.
"Pourquoi Oyonnax plutôt qu'Ambérieu ?" ont demandé
les représentants de l'Armée de l'Air présents au
palmarès. Réponse : "Parce que le Commandant de la base
d'Ambérieu a changé après l'accord avec le
précédent, et que le successeur ne voulait absolument pas
entendre parler de modélistes (CLAP) sur un aérodrome
pourtant sans aucune activité en fin de semaine". Et puis, des
laïques ...
Terrain civil trop étroit, bordé d'usines Grosfillex, de maisons,
de routes, ... d'où planeurs perdus un peu partout. L'aide bénévole
des pompiers locaux a permis de récupérer, à un ou deux
près, tous les appareils égarés.
Heureusement, le vent était à peu près dans l'axe du terrain.
Il fallut faire deux lignes de départ décalées, d'où problèmes de fils.
Problème encore en raison du foin coupé, non
ramassé, d'où visite du propriétaire, d'un
huissier ...! L'APAC réglera 5000 francs, si mes souvenirs sont
exacts.
AVRANCHES (Manche) - 1979
A saint-Lô, chef-lieu du département, accueil sympathique de Le
Corre, Secrétaire Général, et Lecomte, Délégué Départemental.
Le terrain d'Avranches est immense, en bordure de mer, avec, en toile de fond,
le Mont Saint-Michel ; terrain plat, mais coupé de rigoles, fossés
et trous profonds, pleins aux marées hautes, d'où difficultés
de circulation automobile pour rallier le point choisi pour le secrétariat.
Nombreux troupeaux de moutons, disparus le jour du concours (c'était
promis). L'aéro-club possède un commandant d'aérodrome
folklorique : une brave dame, style paysanne 1920, dirigeant tout, y compris
le bar.
Devavry, venu en avion la veille des épreuves, a dû slalomer sur
la piste pour éviter les moutons (commandés au sifflet depuis
la tour de contrôle).
Pas de véhicule pour le secrétariat, mais sono très efficace
; hauts-parleurs fixés en haut d'une grande échelle de pompiers
à plus de 20 mètres de hauteur. Liaison par fils de plus de 500
mètres avec la tour de contrôle. Coût de l'opération
à inscrire au budget du CLAP : 4000 francs ; le matériel était
celui d'un professionnel, la FOL n'en possédant pas. Ca a fait "tousser" le Délégué National.
Palmarès : toujours une foule de prix, coupes, etc., offerts par de généreux
donateurs, parlementaires, municipalités, particuliers, posant souvent
le problème de répartition, les délégués
départementaux étant très pointilleux.
Un incident tragi-comique a même éclaté entre deux charmantes
et sympathiques déléguées dont les départements
ont presque la même consonance : Seine-Mar...itime et Seine ... et Marne,
en agrégé S.M. et S. et M.
Ces deux noms, relativement mal écrits avaient provoqué de la
part de ceux qui établissaient l'ordre des récompenses une inversion
: la coupe attribuée à l'un des départements devait aller
à l'autre, et vice-versa. Et les déléguées en cause
ne voulaient plus rendre à César ... Il fallut toute la persuasion
de notre ami Gilbert Salomon du SFACT pour éviter un authentique crêpage
de chignons.
Excellent repas des animateurs dans une salle splendide (avec vue sur le Mont)
avec spectacle folklorique et spécialités normandes délicieuses
: tripes, poulet à la crème, Pont-l'Evèque, cidre, calvados
...
Non moins excellent repas de l'équipe nationale le lendemain soir "Aux
13 assiettes" à Pontaubault.
Au lycée d'accueil, chef d'établissement un peu pingre, le papier
pour la ronéo étant sous clé dans son bureau, il voulut
lui-même - pour éviter le gaspillage - (la confiance régnait)
tirer les résultats ; il dut abandonner, à notre grande joie contenue
(par politesse) faute de savoir faire fonctionner la Gestetner.
Parmi les gestes sympathiques, on a vu arriver, aux commandes de son avion,
le Recteur de l'Académie de Caen, venu en voisin et en ami.
A.G. : Mon
premier National : on a beaucoup souri des déplacements des hauts-parleurs,
dont la tour de 20 m, sur roues, était tirée par une voiture.
Au centre de l'immense terrain, une tente, une seule, la mienne : la nuit, je
gardais le terrain de vol circulaire.
Très remarqué, mon cerf-volant : sur sa queue de 15
mètres était écrit en gros "Longwy vivra". Il a
volé seul, de jour comme de nuit, pendant tout le rassemblement.
Retour fatigant : départ du restaurant à minuit, et droit vers
la Lorraine. Arrivée vers 10h du matin, vider et remplir la voiture,
la galerie, la remorque (sans oublier les gosses), colo vosgienne à 17h
!
DONCOURT-LES-CONFLANS (Meurthe-et-Moselle) - 1980
Organisé de main de maître par Lucien Beyer.
Logements au lycée de Briey. Tout le monde retiendra la
qualité exceptionnelle de la cuisine et le dévouement
sans bornes de l'intendant.
Le jeudi, le toit des WC mobiles, avec chasse d'eau, installés
à grands frais par Lucien Beyer et son équipe, est
emporté par le vent. Jamais on n'avait
bénéficié d'aussi beaux WC ...
Autre attention des organisateurs : chaque participant a rapporté un
petit sac contenant un morceau de minette, le minerai de fer de la région.
Beau palmarès, coupes nombreuses, présence des autorités
locales et régionales, sénateur, députés, maires,
...
Il restera, pour les membres de l'équipe nationale, le souvenir de la
dégustation, à une heure du matin, chez Lucien Beyer, d'une savoureuse
mirabelle, en écoutant au piano l'épouse de l'adjudant d'Air-Information
interpréter du Chopin.
Pendant ce temps, les Marnais, attirés par une fête nocturne au
plan d'eau de Briey, arrosaient "très" copieusement leurs succès
modélistes...
A.G. : Vers
2h du matin, je découvre un Marnais dormant dans l'herbe
à 50 cm du plan d'eau : chargement dans l'Estafette de la FOL
54, puis dépose dans les lavabos du lycée où il a
continué sa nuit couché sur le carrelage ; le voyage ne
l'a même pas réveillé.
L'épouse de l'adjudant était Christine Kerlen. Elle joue toujours
du piano ...
Après le départ des concurrents, on a tout rangé sous une
pluie diluvienne. Bilan, le lendemain 14 juillet, 40 de fièvre !
AURILLAC (Puy-de-Dôme) - 1981
Installations splendides appartenant à la Chambre de Commerce. Piste
en enrobé, impeccable, mais pas de dégagements latéraux
: bois, champs, carrières, ravin, etc.
Heureusement, un vent léger souffle exactement dans l'axe de la piste.
Excellent accueil ; repas du soir (chaud) servi sur le terrain, avec de délicieuses
et croustillantes spécialités auvergnates.
On notera une très importante participation en vol caoutchouc et une
démonstration de cerfs-volants.
Au crépuscule, le départ d'une montgolfière appartenant
au club local ravira les Clapistes intéressés.
Sympathique collaboration du Délégué CLAP local, Surret.
A.G. : Démonstration
avec le stock de cerfs-volants pilotables du CLAP 54, faits main. C'était
alors tout nouveau.
EPERNAY (Marne) - 1982
Kurtzmann, Délégué départemental, est le maître
d'œuvre du Rassemblement et se dépensera sans compter.
Il est temps de passer la main. Je cède ma place de responsable du vol
libre à Louis-Paul Carrier, de Charente. Comme il a une forte angine,
je lirai le palmarès à sa place.
Le terrain est immense, mais malheureusement non fauché, et comme bien
souvent déjà, il fait mauvais temps le jour du vol libre.
Les résultats n'arrivent pas, le tirage se fait à Reims-Tinqueux
... Tout le monde patiente en écoutant dans les voitures le reportage
d'un match de Coupe du Monde de football, France ... Pologne, je crois.
Somptueux vin d'honneur, dans les grands salons d'un luxe à couper le
souffle, à l'Hôtel de Ville d'Epernay.
A.G. : J'étais
venu 3 jours avant pour les préparatifs : 3 jours sur le terrain
à tondre, monter des stands, ... Epernay oblige, tous les
pique-niques étaient au champagne.
NIMES (Gard) - 1983
Chaleur, chaleur, chaleur, ...
Beau terrain, pris entre la rocade, l'autoroute et la ligne de chemin de fer.
Gare aux planeurs égarés.
La restauration se fait à la base aérienne qui communique directement
avec l'aérodrome.
Repas impeccables en self-service : qualité, choix, présentation.
Présence au palmarès de Madame Georgina Dufoix, ministre. Son
intervention, "politique" mais non "politicienne", est mal
appréciée par certains, mais très applaudie par la majorité des participants.
Jean-Claude Blanc, le Délégué responsable, a
beaucoup travaillé pour résoudre au mieux tous les
problèmes très divers que pose l'organisation d'un
national.
En sa compagnie, je fais deux interventions radio, l'une à la radio locale
"radio Cigales", l'autre à FR3 Nîmes.
L'équipe nationale est hébergée à la
cité universitaire, occupée pendant l'année par
des vandales. A l'étage où nous logeons, les portes des
WC et des douches ont été arrachées.
En quel siècle vivons-nous ?
A.G. : J'ai
aussi de très mauvais souvenirs des nuits à la cité universitaire
: seuls les étudiants étrangers y logeaient encore, et toutes
les nuits, il y avait fête (grande variété d'ambiances africaines,
asiatiques, ...).
Le matin du vol circulaire, vers 7 heures, j'étais encore seul sur le
terrain à préparer l'épreuve. Un taxi s'arrête, un
homme en descend, costard 3 pièces, cravate, valise et même parapluie
à la main. Il me demande où se passe le National. C'était
Georges Tallandier, délégué national de la Ligue, arrivé tout droit du train de Paris.
L'équipe de vol circulaire de l'AFOLA a fait voler 11 appareils ensemble,
dont un quadrimoteur. Ce record ne sera égalé qu'en 1993 à Romorantin par les Vosgiens.
Très beau passage sur le terrain d'une formation serrée de 3 Bréguet
Atlantic à 100 m du sol.
Repas au mess de la base aérienne. Ebahissement des jeunes : les robinets
muraux délivraient du coca à volonté !
A la remise des prix, discours (un peu long et un peu contesté) de Georgina
Dufois, ministre de Mitterrand. Mais elle embrasse bien, ont avoué les vainqueurs.
PONT-SAINT-VINCENT (Meurthe-et-Moselle) - 1984
Alain Gless, successeur de Lucien Beyer, et sa charmante épouse Danielle,
assurent avec efficacité l'organisation de ce National, sur un très
vaste terrain situé sur un plateau élevé et venté.
Des appareils se perdront dans les bois environnants.
Ce fut un bon cru. 540 participants en VL, VCC, RC, Sunrise, Caoutchouc.
Hébergement de qualité au LEP de Neuves-Maisons ; fonctionnement
réussi de nombreux ateliers dans le hangar d'accueil : cerfs-volants,
boomerangs, ordinateurs (tiens ?).
Seule ombre au tableau, le lundi soir seulement deux réfectoires ont
fonctionné, les manquants étaient repartis sans prévenir,
ce qui n'est pas acceptable d'animateurs responsables. "On ne vient pas
au National en consommateurs, mais en participants concernés par la vie
de leur mouvement, et avec un peu de respect pour l'équipe organisatrice".
(L.P. Carrier)
A.G. : L'adjudant
Kerlen, dont la femme jouait si bien du piano à Briey en 1980,
fait à nouveau parler de lui : son capitaine vient nous saluer
et demande où est son adjoint, car le bus d'info de
l'Armée de l'Air est vide. Génés, on lui raconte
un peu n'importe quoi, mais pas la vérité : il
était alors en pleine forêt, perché dans un arbre,
avec son bel uniforme, en train d'essayer de récupérer le
planeur d'un gamin.
Le premier soir, je décide d'aller saluer les clapistes occupant le terrain
de camping (sauvage) : première tente, pastis ; puis champagne dans une
caravane. Comment refuser ? Mais çà m'a suffi : je suis reparti
sans saluer les autres.
Aux menus des midis, plateaux-repas préparés gracieusement par
l'intendante du lycée en personne : son fils est clapiste.
Pas de tricherie sur la longueur des câbles de vol libre. Ils ont
été vérifiés par un groupe de militaires,
venus de Verdun avec tenue et rations de combat, tout ce qu'il faut
pour intimider.
Pour le dernier jour, un lundi, j'avais dû demander une dérogation
pour le terrain à la base aérienne d'Ochey (9 km à vol
d'oiseau). Dès la fin du dernier vol, on leur téléphone
pour les prévenir qu'on a libéré l'espace aérien.
Moins de 5 mn plus tard, un Fouga nous fait un passage à 10 mètres
du sol !
BRIOUDE (Haute-Loire) - 1985
Responsable : Marcel Moulès, du Puy-de-Dôme.
Bonne organisation locale (camping), mais difficultés aux repas servis
dans un centre à plusieurs kilomètres.
L'histoire, même triste, se renouvelle d'année en année
du fait des responsables de groupes - toujours les mêmes - et qui seront
sérieusement rappelés à l'ordre par les organisateurs.
En raison d'un nombre de places limité dans le réfectoire, il
doit y avoir deux services - et certains ne se présentent pas au service
où ils se sont fait inscrire, d'où attente et pagaille.
Terrain sympathique sur une butte et vent tournant en cours de journée,
ce qui oblige les responsables à déplacer les postes de chronométrage,
pas assez vite au dire de certains. "Il faut faire ceci ... il ne fallait
pas faire cela ...". C'est facile à dire quand on n'est sas responsable.
Bon National quand même, prix nombreux, toujours difficiles à répartir,
excellent vin d'honneur pour tous.
A.G. : J'ai le souvenir
de la démonstration de combat en vol circulaire, avec trois ailes très
manoeuvrantes. A peine posés, on refait les pleins, on remet des rubans,
et ça repart. Une heure de très haut niveau.
MIRECOURT (Vosges) - 1986
Immense terrain très dégagé (ancien terrain de l'OTAN)
mais ... commandant d'aérodrome à cheval sur les règlements.
Logique, mais il semble qu'on peut toujours discuter, ce qui n'était
pas du tout son point de vue.
En plus, visite, malgré le NOTAM officiel, de Monsieur Seguin, alors
ministre, en fin de matinée, d'où l'évacuation des abords
de la piste à plus de 100 mètres, une bonne heure avant son arrivée
et ... rebelote l'après-midi avant qu'il ne reparte. Les moteurs de son
avion ont "chauffé" plus d'une heure avant le décollage.
Conclusion : obligation de "parquer" les modélistes en bordure
de terrain, d'où nombreux planeurs dans les champs cultivés, réclamations
des propriétaires, interventions des gendarmes, récriminations
des participants envers les organisateurs responsables, mais pas maîtres
du terrain, rancœurs et réflexions désobligeantes envers
Michel Bertrand, responsable départemental des Vosges, organisateur hors
pair, qui s'était dépensé sans compter pour que tout aille
parfaitement. C'est vraiment décourageant ... et inadmissible qu'un ministre
(une indiscrétion révélera qu'il était simplement
venu déjeuner chez lui) transgresse les ordres du NOTAM officiel.
"Un officiel a empoisonné six cents amateurs" !
Au fait, le ministre n'était peut-être pas au courant et ce sont
ceux qui ont préparé son voyage qui sont responsables.
Son adjoint a été chargé, par un de nos camarades très
irrités, de lui signaler la gêne provoquée par ce vol imprévu.
Et, au moment du départ, on entendit de nombreux modélistes dire,
un peu désabusés : "et dire qu'on avait un si beau terrain
! ...".
A.G. : Le
lendemain du départ, vers midi, il ne restait que quelques camping-cars.
La femme d'un cultivateur local vient se plaindre aux organisateurs, alors en
plein rangement, de la disparition de son mari depuis la veille. Après
enquète, on le retrouve endormi dans un camping-car de clapistes du Var
: la veille, ils avaient sympathisé, le paysan avait amené un
lapin qu'il venait de "trouver" et ils l'avaient mangé en arrosant
copieusement l'évènement.
SALON - EYGUIERES (Bouches-du-Rhône) - 1987
Jean-Marie le Mô, responsable départemental des Bouches-du-Rhône,
a eu bien du mal et bien de la constance pour mener à bien le déroulement
de ce National qui s'est déroulé dans une ambiance électrique
désagréable entre certains membres de l'équipe locale,
certains membres de l'équipe nationale et certains dirigeants de la FOL
13. Et, en plus, du mistral (ou un vent similaire violent) !
Hébergement dans un LEP à Miramas. On n'avait encore jamais vu
un établissement scolaire dans un tel état de délabrement
et de saleté ; qu'on en juge :
Extérieur : des massifs et des pelouses avaient été prévus
lors de la création de l'établissement à l'aspect moderne.
Mais l'herbe n'avait jamais été fauchée depuis, les rosiers
et les arbustes n'étaient pas taillés, les herbes sèches
avaient un mètre de haut.
Préaux : sales, maculés, inscriptions à la bombe un peu
partout, interrupteurs cassés : on allume en accrochant les deux fils
l'un à l'autre ...
Réfectoire : vastes fenêtres et carreaux cassés.
Douches : sans pommes, lavabos sans eau, ...
Et, au milieu de ces horreurs, une équipe à la cuisine et au service
aimable et dévouée, et une nourriture de qualité.
Une collègue, Principale de collège, fait part aux autorités
administratives départementales, régionales et nationales de notre
écœurement, de notre tristesse et de notre colère. Qu'est-il
advenu de ce rapport ?
Comme il est de tradition, partout où se sont déroulés
les Nationaux, la municipalité locale - peu importe son orientation politique
- offre un vin d'honneur aux organisateurs et aux responsables des groupes départementaux.
Celui de Salon fut "spécial" :
Il fallut d'abord trouver le lieu de la réception. A l'hôtel de
ville, personne n'était au courant. Dans une annexe non plus. Enfin,
on nous indiqua le lieu. Après une bonne demi-heure de marche dans les
vieilles rues pittoresques de la ville, conduits par un Salonnais, nous trouvâmes
enfin le lieu de la réception. Les camarades qui n'étaient pas
arrivés à l'hôtel de ville avec le gros de la troupe n'ont
jamais pu trouver le local du vin d'honneur !
Pour nous accueillir, deux conseillers municipaux, une dame et un monsieur,
délégués pour nous recevoir, mais qui avaient reçu
la consigne de ne pas prendre la parole ; ils furent très aimables.
Pour meubler la réception, Robert Marcellin fit un long
exposé sur le National CLAP et la Ligue de l'Enseignement.
Boissons excellents, gâteaux délicieux. On quitta nos hôtes
avec le sourire, en les remerciant de leur accueil !
NB : Parmi les membres du club d'Eyguières, nous avons
retrouvé la fille de notre regretté camarade
Ricou-Leclerc ; elle a accepté volontiers de remettre la coupe
évoquant la mémoire de son père au
département vainqueur.
A.G. : Deux
jeunes clapistes locaux avaient des papas à la Patrouille de France.
Alors, nous avons eu droit à un splendide spectacle présenté par tout la Patrouille.
Pour revenir à l'histoire
du LEP de Miramas, si minable, il a été détruit par un
incendie quelques jours plus tard. Du coup, le CLAP n'a jamais reçu la
facture de l'hébergement et de la nourriture. Vues les conditions d'hébergement,
l'intendant avait promis une réduction, mais pas à ce point-là !
LE HAVRE (Seine-Maritime) - 1988
Accueil formidable par Jean-Paul Hautot, dans le superbe centre
aéré de la ville du Havre, au cœur de la
forêt de Montgeon.
Accueil également formidable par la Municipalité, qui a mis d'énormes
moyens au service du CLAP : hommes, matériels divers, véhicules,
...
Réception somptueuse de l'équipe nationale à l'hôtel
de ville. Visite commentée du Havre et de Sainte-Addresse, la nuit, par
Jean-Paul Hautot ... mais pas de déjeuner (allusion à Mérimée,
sans doute).
L'emblème de la ville porte une salamandre. Pourquoi ? Emblème
de François 1er, en hommage que c'est au Havre qu'il fit creuser le premier
bassin en eau profonde pour recevoir les plus grands bateaux de l'époque.
On en apprend des choses dans les Nationaux du CLAP !
Beau terrain, en bordure de mer (falaises). Belles installations, mais une fois
encore difficultés atmosphériques : vent important pour le vol
libre planeurs.
Incidents inquiétants avec cultivateurs voisins. Et, pour corser l'affaire,
les mêmes, dont je n'ai cessé de stigmatiser la mauvaise conduite,
éprouvent le besoin de sectionner les ficelles de quelques grosses bottes
de paille, celles qui pèsent 300 kg. Gendarmes ...
En plus de cela, mauvaise compréhension du responsable du terrain au
sujet de l'utilisation des emplacements disponibles pour le treuillage des planeurs?
Accord enfin pour le dernier vol et satisfaction des modélistes compréhensifs.
Le lendemain, temps affreux, à ne pas mettre un c........ dehors. VCC
dans des conditions épouvantables. Les démonstrations de l'après-midi
seront annulées.
Magnifique palmarès, prix nombreux et luxueux. La ville du Havre
s'est distinguée. Jean-Paul Hautot et son équipe ont fait
un travail énorme pour préparer et animer ce National.
Ils ont été bien mal récompensés par le
ciel. Mais les terriens Clapistes que nous sommes l'ont bien reconnu et
c'est quand même l'essentiel.
A.G. : Le
CLAP venait d'intégrer l'UFOLEP. Comme il était d'usage, Paris
avait envoyé un cadeau à remettre au maire du Havre pendant la
réception officielle : une splendide cravate brodée UFOLEP. Mais
le maire annonce que sa première adjointe (oui, une femme) le remplacera.
On décide alors de lui offrir un foulard, que ma femme va acheter immédiatement.
Fureur de Paris à reception de la facture. J'ai gardé la cravate
...
Avec ce National s'achève ma participation officielle à
l'équipe organisatrice. Par la suite, les rassemblements se sont
déroulés à Doncourt-lès-Conflans en 1989,
à Marigny en 1990, à Pontarlier en 1991, au Havre en
1992, à Romorantin-Lanthenay en 1993, à Niort en 1994.
Toujours invité, je suis allé quand j'ai pu, à Marigny,
Romorantin et Niort.
A.G. : J'y
étais. Je raconterai peut-être un jour.
Pour conclure ces souvenirs personnels, qui ne correspondent pas
forcement à ce que d'autres ont vécu, je pense qu'il
faudrait évoquer trois événements : l'un
technique, l'autre amusant et le troisième bien triste, et dont
le souvenir perdure dans ma mémoire.
Evénement technique
"Vol libre planeurs par équipes départementales"
Après le rassemblement d'Oyonnax en 1978, Jean-Pierre Thiébaux,
délégué CLAP à Spire, responsable des écoles
françaises en Allemagne, exprime l'idée d'une formule nouvelle
pour le vol libre planeurs.
Inspirés de cette idée, trois délégués, Jean
Devavry (Marne), Jean Feunteun (Loire-Atlantique) et Jean Rainaud (Charente),
se mettent au travail au cours de l'hiver et, après de nombreux échanges
de lettres - 83 feuillets entre Devavry et moi-même par exemple - proposent
à la Commission Nationale une nouvelle formule, qui sera appliquée
à Avranches en juillet 1979, après avoir été testée
en juin au cours du Rassemblement des Pays de Loire à Sainte-Lumine-de-Coutais.
Exposé des motifs :
- Conduire les jeunes à acquérir l'esprit d'équipe.
- Combattre la championnite dans ce qu'elle peut avoir de néfaste, sans
renier la valeur de la compétition, source d'émulation et de progrès.
- Supprimer les catastrophes individuelles, causes de découragement chez
les jeunes.
- Rechercher l'échange, le partage, l'aide, la coopération, faire
sentir l'existence d'une équipe solidaire, pour inciter à l'assistance
réciproque entre les modélistes du même groupe.
- Ne pas faire un championnat FFAM bis.
Participation :
- Chaque département est représenté par un type unique
d'équipe : un senior, deux cadets, deux minimes.
- Classement départemental par meilleur total général.
- Les départements à gros effectifs présentent deux équipes
(à déterminer par Paris).
- Les départements à faible effectif présentent une équipe
formée par deux départements de la même région.
Suit alors un règlement technique très détaillé,
qui sera affiné et perfectionné chaque année pour éviter,
autant que faire se peut, les contestations, ce qui n'est pas toujours facile,
les responsables CLAP ayant l'esprit critique très affûté.
Événement amusant
C'était à la Toussaint 19••
La Commission Nationale s'était réunie pour cinq jours. Elle était
hébergée dans un hôtel ouvert spécialement pour elle
sur la plage de la Redoute de Portinagnes, Hérault. Les réunions
avaient lieu à l'aérodrome de Béziers-Saint-Privat.
Les pluies d'automne descendant des Cévennes avaient fait déborder
les cours d'eau côtiers et il fallait quatre fois par jour appréhender
les difficultés sur les routes inondées.
Pour marquer la fin du stage, le responsable local Pierre Corbières avait
imaginé un apéritif amical au bar de l'Aéro-Club, pratiquement
désert, avec la présence, entre autres, du député-maire
de Montpellier.
Peu avant l'heure de la manifestation, on a bien remarqué, devant les
bâtiments de l'aéroport, la présence de quelques photographes.
On a pensé que c'était sans doute à notre intention, et
que c'était beaucoup trop d'honneur.
Et puis ... un petit avion de tourisme, type Jodel ou Robin (ma mémoire
défaille) est venu s'arrêter devant les hangars et nous avons vu
descendre deux personnages à l'allure insolite en un tel lieu. Nous apprîmes
bien vite qu'il s'agissait de Monseigneur l'archevêque de Nagasaki et
de son secrétaire, qui arrivaient de Lourdes et faisaient une escale
technique avant de repartir pour Avignon.
Deux Japonais typiques, en uniforme ecclésiastique, mitraillés
par les flashes des photographes, et qui, souriants, se sont dirigés
- les photographes n'étaient pas innocents dans l'affaire - vers le bar
où nous nous trouvions et où les verres et les gâteaux secs
étaient déjà sur les tables.
Etonnement des éminences qui ne pensaient peut-être pas trouver
un comité d'accueil aussi nombreux, étonnement amusé de
nous tous, attendant la suite.
Elle vint, inattendue et opportune, de député-maire qui, se tournant
vers Pierre Corbières, lui dit du ton le plus posé : "Tenez,
Monsieur Corbières, donnez donc un verre à ces messieurs".
Pierre Corbières, ébahi, plongea derrière le bar pour reprendre
ses esprits et reparut aussitôt pour tendre un verre au prélat
et à son assistant.
Les verres furent remplis, le conversation ne s'engagea qu'à peine, il
aurait sans doute fallu parler anglais, ce qui n'est pas le propre des gens
du midi, l'hôte imprévu et souriant jaune (pas au sens péjoratif
bien sûr) ne semblant pas parler français. La rencontre ne s'éternisa
pas.
Mais ce fut un moment de franche rigolade, discrète et intérieure,
pour nous tous.
Après le départ des journalistes et des deux hôtes "illustres",
Pierre Corbières piqua une grosse colère, en pensant que le lendemain
on verrait dans la presse les photos de ce vin d'honneur "exceptionnel".
Il n'en fut rien ; Le Midi Libre publia en page de gauche intérieure,
un compte-rendu de notre réunion de travail avec photo, habilement prise
sans les éminences, et, sur la page de droite, une photo de l'archevêque
à sa descente d'avion, accompagné d'un bref commentaire relatif
à cette escale.
On passa donc un bon moment "imprévu et folklorique" ; ce fut
le principal sujet de discussion au repas du soir.
La fin tragique de Lucien Beyer
Qui, parmi les anciens animateurs et délégués CLAP, ne
se souvient de Lucien Beyer, de Briey, l'homme à la pipe, le modéliste
averti, l'animateur infatigable et le pédagogue né.
Après avoir œuvré avec succès en Meurthe-et-Moselle,
il s'est vite inséré dans l'équipe nationale, pour animer
des stages régionaux ou nationaux, et diriger les activités de
vol circulaire aux rassemblements nationaux, de Belfort jusqu'à Avranches.
Au moment de la retraite, sûr qu'il avait trouvé un bon successeur
en la personne d'Alain Gless, assisté de sa charmante épouse Danielle,
il s'est investi plus profondément dans diverses associations au sein
desquelles il militait déjà depuis de nombreuses années
:
- La Caisse d'Epargne de Briey,
- L'Office du Tourisme de Briey et de la Lorraine Nord,
- La MRIFEN de Meurthe-et-Moselle.
En 1993, la MRIFEN décida que le congrès annuel de l'association
aurait lieu à la Pentecôte 1974 à Saint-Denis de la Réunion,
dans l'océan Indien.
Après bien des hésitations, il décida d'y participer. Madame
Beyer, que le long voyage en avion dérangeait, renonça.
Arrivé à Saint-Denis, il participa avec la conscience et le sérieux
qu'on lui connaît, aux débats des commissions et de l'assemblée
plénière.
Pour joindre l'utile à l'agréable, les organisateurs locaux avaient
prévu, un jour, pour montrer aux congressistes les beautés de
leur île, une ballade en hélicoptère avec, entre autres,
le survol du célèbre volcan "le Piton de la Fournaise".
Madame Beyer n'était pas tellement favorable à cette excursion
et, pour ne pas l'inquiéter, il y renonça. Pour occuper le temps,
il décida, avec quatre ou cinq autres congressistes, d'aller se baigner
sur une des nombreuses plages de l'île.
Excellent nageur, il avança dans l'eau transparente à
peine jusqu'aux genoux et il tendit son appareil photo à un
collègue en lui disant : "Tu me prends en photo, je pourrai dire
que je me suis baigné dans l'océan Indien". La photo fut
prise : derrière lui, à une vingtaine de mètres,
on aperçoit une énorme vague qui déferle vers la
côte. Vingt secondes à peine après la prise de la
photo et alors qu'il regarde toujours ses amis sur la plage, il est
plaqué au sol avec une violence telle que, les vertèbres
cervicales rompues, il décède sans avoir eu le temps de
réaliser.
Ma femme et moi, nous avons rendu visite à Madame Beyer, à Briey,
le 27 septembre suivant. C'est elle qui nous a fait ce tragique récit.
Pour tout souvenir de ce voyage, elle conserve précieusement la photo,
rapportée par les collègues, et une superbe carapace de tortue
qu'il avait achetée la veille de son décès.
Quelle fin tragique et inattendue ! Les collègues ont
certifié qu'aucune interdiction de se baigner ne figurait sur
cette plage particulière.
La destinée est parfois bien cruelle !
Jean Rainaud
août 1998
NB du dactylo
J'ai tapé avec plaisir cette prose si colorée de Jean Rainaud.
Sauf le dernier chapitre qui m'a aussi touché personnellement.
J'y ajouterai, hélas, la mort tragique, un an plus tard, dans les mêmes
circonstances, mais en mer des Caraïbes, de Francis Plessier, Secrétaire
de la FFAM.
Lors de nombreuses discussions au FITEM (Festival International de la
Télécommande et du Modélisme Le Corbier - La
Toussuire), nous avions sympathisé autour de quelques
bières (même entre FFAM et CLAP). Il était devenu
notre ami.
Comme vient de l'écrire Jean Rainaud, la destinée est parfois
bien cruelle.
Mais, parfois, elle frappe deux fois.
Alain
Gless